• Affirmation de soi et dépression

     

                Nous sommes l’image que les autres nous renvoient, ou tout du moins ce qu’on en interprète. Le mythe de Narcisse est très connu désormais mais est, par certains, vue de façon péjorative. Il est pourtant nécessaire d’être un minimum « narcissique », égocentré, c'est-à-dire avoir son égo centré sur soi : l’investissement excessif dans l’aide aux autres, pour s’oublier soi-même n’est qu’une fuite, et tôt au tard la dépression nous guète. Les thérapies mettent souvent l’accent sur l’utilité d’un renforcement narcissique. Un syndrome dépressif est souvent associé à une mauvaise estime de soi, une dévalorisation voir une culpabilité d’être déprimé.

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                La dépression en lien avec un trouble de l’affirmation de soi

                 Dans une société de production et de productivité une personne dite « dépressive » est stigmatisée comme étant « inapte » au travail… inaptitude qu’un arrêt de travail vient sanctionner. Et quand l’état dépressif devient si sévère qu’une hospitalisation devient nécessaire, la personne a souvent un vécu de honte, pensant que désormais elle est étiquetée « psy ».

        J’aimerai illustrer mon propos d’un exemple :

                    Sylvie se dit « déprimée ». Rien ne parait plus raisonnable, tant aux parents qu’aux amis de Sylvie, que de lui « remonter » le moral. Or, il est fort vraissemblable qu’elle ne s’en sentira pas mieux, mais au contraire, s’enfoncera un peu plus dans sa tristesse. Voyant cela, les autres redoubleront d’efforts pour lui faire voir le bon côté des choses. Guidés par la « raison » et le « bon sens », ils ne peuvent pas se rendre compte (et Sylvie ne peut pas le dire) que leur aide, au fond, consiste à exiger qu’elle ait certains sentiments (de joie, d’optimisme, etc.) mais pas d’autres (de tristesse, de pessimisme, etc.). Il en résulte qu’au lieu de connaître un épisode, qui à l’origine aurait pu n’être qu’un accès passager de tristesse, Sylvie est maintenant envahi de sentiments d’échec, de dévalorisation et d’ingratitude envers ceux qui l’aiment tant, et font tout cela pour l’aider.

                  Comment sortir de cette auto-culpabilité ? Comment s’accorder le droit d’être triste ? Comment renforcer une estime de soi qui était déjà bancale ? Evidemment les thérapies ont leur rôle à jouer dans les réponses à ces questions, mais la première étape est de reconnaître qu’on a le droit de se sentir mal, qu’il est parfois légitime de pleurer et que, comme me le disait une patiente : « Pour bien vivre les moments de bonheur, il faut bien vivre les moments de malheur ! ». L’enjeu, ici, est l’affirmation de soi.

     

     

                Le trouble de l’affirmation de soi

                 Jean a d’excellents résultats professionnels, son patron lui a demandé de présenter un projet à l’ensemble de l’équipe : il n’en dort plus la nuit. Toute sa vie, Jean s’est efforcé d’éviter de prendre la parole en public. Même s’il sait qu’il connaît bien le projet qu’il doit présenter, il se sent incapable de faire cette présentation orale. En désespoir de cause il demande un arrêt de travail à son médecin traitant pour éviter cette situation qui le panique.

                 Le manque d’affirmation de soi peut prendre de multiples formes. Certaines personnes sont trop passives, d’autres trop agressives, d’autres encore alternent les moments de passivité et d’agressivité, parfois en se « trompant de colère ». A plus ou moins long terme, si elles ne réagissent pas, toutes ces personnes connaîtront, en plus de leurs difficultés relationnelles, des problèmes plus ou moins grave liés à leur trouble de l’affirmation de soi : dévalorisation personnelle, anxiété généralisée et diffuse, sentiment de honte aigu, repli sociale, voire dépression.

                Lorsqu’il est très important ce trouble de l’affirmation de soi prend la forme d’un évitement généralisée des situations sociales : c’est la phobie sociale. La peur des autres est alors si viscérale qu’on évite le plus possible les contacts avec autrui par peur d’être mal jugé.

                 Si dans ces quelques lignes vous vous êtes reconnus, n’hésitez pas à consulter… le simple fait de réagir et de prendre la décision de consulter est déjà une manière de s’affirmer. 


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