• Burn out: syndrome d'épuisement professionnel

    BURN OUT

    Syndrome d'épuisement professionnel

     

     

           I.            Définitions

        II.            Prévention

     III.            Cas clinique

    Le syndrome d'épuisement professionnel ou burn out est un syndrome d’épuisement qui fait partie des risques psychosociaux professionnels, consécutif à l'exposition à un stress permanent et prolongé. Ce syndrome est nommé Burn Out Syndrome chez les anglophones et karoshi (過労死) ou « mort par la fatigue au travail » au Japon.

    En japonais, le terme karoshi désigne la mort par surmenage. Le phénomène a été identifié pour la première fois au Japon et ce vocable a été adopté dans toutes les langues (Drinkwater, 1992). Uehata (1978) a rapporté 17 cas de karoshi lors de la 51e réunion annuelle de l'Association japonaise de la santé au travail. Sur ce nombre, 7 cas seulement ont été reconnus comme maladie professionnelle.

    En 1969, Loretta Bradley est la première à désigner sous le terme de burnout un stress particulier lié au travail. Ce terme est repris par Herbert J. Freudenberger en 1974 et Christina Maslach en 1976 dans leurs études des « manifestations d'usure professionnelle ».

    Pour ces premiers observateurs, le syndrome d'épuisement professionnel vise principalement les personnes dont l'activité professionnelle implique un engagement relationnel important, comme les travailleurs sociaux, les professions médicales, les enseignants.

    Le burnout est considéré à cette époque comme un syndrome psychologique spécifique aux professions « aidantes ». Les recherches ultérieures ont étendu les risques de manifestations de ce syndrome à l'ensemble des individus au travail.

     

    I. Définitions

    Il existe une multitude de définitions du syndrome d'épuisement professionnel parmi lesquelles sont répertoriées ci-dessous les principales (cette liste n'est donc pas exhaustive) :

    - « Un état de fatigue et de frustration, de dépression, provoqué par la dévotion à une cause, un mode de vie, ou une relation humaine et qui échoue à produire les résultats espérés  »

    ·         « Le burnout est caractérisé par un épuisement physique, par des sentiments d'impuissance et de désespoir, par un assèchement émotionnel et par le développement du concept de soi négatif, et d'attitudes négatives envers le travail, la vie et les autres personnes ».

    ·         « Le burnout est un syndrome d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l'accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès d'autrui ».

    ·         « Le burnout est une réponse au stress émotionnel chronique avec trois dimensions :

    o        L'épuisement émotionnel ou physique

    o        La diminution de la productivité

    o        La dépersonnalisation ».

    Syndrome Tridimensionnel

    Les premières recherches ont été publiées en 1980. Dans un premier temps une définition axée sur le travail a été faite selon laquelle le burnout recouvre deux dimensions.

    - La première, l'épuisement émotionnel, correspond à l'assèchement des ressources, à la perte de motivation.

    - La seconde, la dépersonnalisation, renvoie aux attitudes distantes, négatives envers les clients, patients et autres relations des professionnels.

    - Une troisième dimension fut définit ensuite: c'est l'accomplissement personnel, il correspond au manque de sentiment de reconnaissance et à un désinvestissement dans son travail.


    II. Prévention

     

    Ces trois facteurs et les items qui les composent ont été utilisés pour constituer la mesure du syndrome d'épuisement professionnel. Cette mesure formée de trois sous-échelles est aujourd'hui largement validée. Il s'agit du Maslach Burnout Inventory's (MBI)

    Le MBI est constitué de vingt-deux items : neuf pour l'épuisement émotionnel, cinq pour la dépersonnalisation et huit pour l'accomplissement personnel. Chaque item représente une facette de l'évaluation que l'on peut faire de son travail. La personne interrogée indique la fréquence selon laquelle elle éprouve le sentiment en question.

    L'épuisement, la dépersonnalisation et la réduction de l'accomplissement personnel sont mesurés séparément. Autrement dit, l'individu n'a pas un score global de burnout, mais un score pour chacune des trois dimensions. Le terme burnout continue de désigner globalement ces trois dimensions qui pourtant sont distinctes, même si elles sont liées.

     

    Numérisation des réponses

    2. Dépersonnalisation

    1- Jamais

    2- Quelques fois par an

    3- Une fois par mois

    4- Quelques fois par mois

    5- Une fois par semaine

    6- Quelques fois par semaine

    7- Tous les jours

    Je sens que je m'occupe de certains patients/clients/élèves de façon impersonnelle comme s'ils étaient des objets

    Je suis devenu(e) plus insensible aux gens depuis que j'ai ce travail

    Je crains que ce travail ne m'endurcisse émotionnellement

    Je ne me soucie pas vraiment de ce qui arrive à certains de mes patients/clients/élèves

    J'ai l'impression que mes patients/clients/élèves me rendent responsable de certains de leurs problèmes

     

    1. Épuisement émotionnel

    3. Accomplissement personnel

    Je me sens émotionnellement vidé(e) par mon travail

    Je me sens à bout à la fin de ma journée de travail

    Je me sens fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que j’ai à affronter une autre journée de travail

    Travailler avec des gens tout au long de la journée me demande beaucoup d'effort

    Je sens que je craque à cause de mon travail

    Je me sens frustré(e) par mon travail

    Je sens que je travaille « trop dur » dans mon travail

    Travailler en contact direct avec les gens me stresse trop

    Je me sens au bout du rouleau

    Je peux comprendre facilement ce que mes patients/clients/élèves ressentent

    Je m'occupe très efficacement des problèmes de mes patients/clients/élèves

    J'ai l'impression, à travers mon travail, d'avoir une influence positive sur les gens

    Je me sens plein(e) d'énergie

    J'arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes patients/clients/élèves

    Je me sens ragaillardi(e) lorsque dans mon travail j'ai été proche de mes patients/clients/élèves

    J'ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans ce travail

    Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels très calmement

     

     

     

      Maslach Burn out

        Le burn out: épuisement profesionnel



     

    Accomplissement personnel

    Le burn out: épuisement profesionnel

     

     


    Dépersonnalisation

       Le burn out: épuisement profesionnel

     

     

     

    Epuisement professionnel

    Le burn out: épuisement profesionnel

     

     

    Les signes avant-coureurs

    Ces premiers signes sont révélateurs d'un grand stress, particulièrement violent ou fréquent. Ils se concrétisent par des palpitations, les mains moites, des suées, une digestion difficile, des troubles du sommeil, une consommation accrue de tabac et d'alcool ou encore une émotivité exacerbée.

    C'est à ce moment qu'il faut mettre le holà car la situation est encore réversible. Il s'agit d'une période d'alerte, l'être humain est une machine complexe qui envoie des signaux quand elle arrive en surchauffe.

    Les symptômes physiques

    Une fois la période de stress extrême passée, c'est au contraire un état léthargique qui est caractéristique du burn out. La composante physique se traduit par les symptômes suivants:

                Une fatigue non récupérable même après un week-end ou une semaine de congés. Cela se remarque facilement car ce sont souvent des gens très dynamiques au travail qui connaissent une brutale chute de productivité.

                Le sentiment que son corps "ne répond plus" et une grande difficulté à faire tout effort physique comme par exemple monter des escaliers.

                Des pannes de sommeil régulières.

                Des perturbations alimentaires : en période de stress, on va avoir tendance à manger plus mais quand le burn out surgit, inversement, l'appétit disparaît.

                La consommation accrue de stimulants tels que le tabac, l'alcool ou des médicaments

                Tous ces signaux viennent s'ajouter aux signes courants du stress. Selon Patrick Légeron, "on retrouve chez la victime du burn out les mêmes symptômes que chez une personne stressée mais répétés de façon chronique."

    Les symptômes psychologiques

    La deuxième composante est d'ordre mental. L'énergie psychologique est épuisée, ce qui induit une perte d'énergie et de motivation, même se lever représente un effort considérable. Une apathie qui se décline à tous les niveaux :

                L'émoussement des émotions. Après avoir ressenti les émotions de façon excessive, la personne en burn out a l'impression de ne plus rien éprouver, d'être indifférente à tout ce qui l'entoure.

                Le sentiment d'être inutile, la dévalorisation de soi. C'est la composante dépressive du burn out.

                Un mal être qui fait tache d'huile pour gangrener tous les éléments de la vie et qui est accompagné d'une remise en question de sa famille et de sa vie sociale en générale.

                Un rapport à l'environnement très froid, une dépersonnalisation qui amène à se comporter "comme un robot".

    Comment s'en sort-on ?

    Selon le degré d'avancement du burn out, il est possible de s'en sortir. Patrick Légeron prévient : "c'est une notion qu'il faut utiliser avec précaution, lorsqu'il y a réellement burn out, il y a incapacité à travailler."

    Un arrêt de travail est donc la première des conséquences. En aucun cas, on ne peut laisser une personne souffrant de burn out dans son milieu professionnel.

     

    Après, s'ensuit un longue période de traitement à base de médicaments et de psychothérapie. Et même après guérison, une difficulté reste encore à surmonter, la reprise d'une activité professionnelle. "Il y a peu de temps, nous avons traité le cas d'un cadre d'environ 45 ans, victime d'un burn out. Après neuf mois d'arrêt, il est aujourd'hui physiquement et mentalement reconstruit mais il craint de retourner dans le milieu professionnel. Il a perdu l'estime de soi et a très peur de ne pas être capable de retravailler", raconte Patrick Légeron.

    Dans quelques cas plus rares, le burn out peut entraîner la mort. Reconnu au Japon, le Karoshi a déjà touché plusieurs milliers de personnes et est considéré comme une maladie professionnelle. Ce syndrome dit "de mort par surmenage" est le degré le plus absolu du burn out. La mort résulte de la destruction des glandes qui engendrent le stress, les glandes surrénales. Ces dernières fonctionnent de façon intensive en période de stress puis, ne pouvant plus fournir les hormones, s'autodétruisent. Fort heureusement, aucun cas n'a été identifié en France pour l'instant.

     

     III. Cas clinique, Micheline: Avocat

                Si certaines professions sont plus propices que d'autres, ce n'est pas parce qu'elles sont plus stressantes ou parce que les personnes qui en font partie sont moins habiles à gérer leur stress. En fait, ce sont les attitudes personnelles envers le travail et les besoins personnels les plus fondamentaux qui sont en cause. Voyons comment à travers un exemple imaginaire.


    1. Un déni de la finitude


     Micheline se considère comme indispensable. Pour que l'entreprise fonctionne bien, elle doit tout surveiller elle-même. Elle tolère mal que ce ne soit pas fait à sa façon. Mais elle n'a pas le temps de tout faire; il y a trop de choses qui exigent son attention immédiate. On pourrait dire que Micheline a de la difficulté à déléguer et ne tient pas facilement compte de ses limites.



     Mais Micheline tient à donner à tous les clients le meilleur service possible. Elle sait qu'ils comptent sur elle et ne veut pas les décevoir. Mais elle ne peut s'empêcher de constater que, souvent, elle ne peut pas grand chose pour eux. Elle voudrait les sauver de leur misère, mais ses moyens sont insuffisants. Elle en est très frustrée et se sent vaguement inadéquate de ne pas réussir à faire mieux. On peut dire que Micheline a de la difficulté à accepter ses limites réelles; elle a tendance à les nier ou à les ignorer au lieu d'en tenir compte.


    2. Une autorégulation défectueuse


     Micheline est très sensible à la détresse des personnes auprès desquelles elle travaille. Elle perçoit avec acuité l'importance de leurs besoins et de leur souffrance. C'est ce qui l'amène à s'oublier facilement pour les aider. Elle est comme obligée de s'occuper de ses clients, quelle que soit sa fatigue. Autrement dit, elle ignore les indices que son corps lui fournit pour lui indiquer qu'elle abuse de ses forces, elle ferme les yeux sur les émotions qui cherchent à lui signaler qu'elle n'en peut plus.


     Elle serre les dents et continue, emportée par l'importance de sa mission. Mais plus elle passe par-dessus sa fatigue, plus elle s'épuise, plus elle perd de son efficacité et plus les tâches qui sollicitent son attention deviennent pressantes. Elle est de plus en plus pressée, submergée, incapable d'arrêter le tourbillon dans lequel elle se débat en vain.


    Micheline se fait une fierté d'être si généreuse. Elle se considère comme très utile et ne se soucie pas de maintenir un équilibre entre le temps qu'elle consacre à ses propres besoins et celui où elle se met au service des autres.


    On remarque d'ailleurs facilement qu'elle fait la même chose avec sa famille et ses amis. Sa vie est au service des autres et elle ne voit pas l'importance de la réciprocité dans ses relations. Même si elle a parfois l'impression de se faire drainer par les demandes de tout le monde, elle continue de trouver qu'il est normal d'être celle qui donne toujours.


    3. Une identité fragile

    Toute cette générosité n'est pas uniquement tournée vers autrui; Micheline y trouve son importance à ses propres yeux. C'est par sa façon de donner et d'aider qu'elle se valorise. C'est aussi par là qu'elle définit qui elle est, le sens de sa vie. En somme, elle a besoin de donner sans compter pour donner un sens à sa vie et avoir une valeur à ses yeux.

    En fait, Micheline se définit par le besoin des autres. Plus on a besoin d'elle, plus sa valeur augmente et plus elle est certaine d'exister vraiment. Comme les besoins des autres ne sont jamais complètement comblés, comme il y a toujours de nouvelles personnes à aider, elle reste ainsi à l'abri de l'angoisse.

     


    Elle n'a pas besoin de se demander qui elle est et à quoi sert sa vie. C'est le besoin des autres qui répond pour elle à ces questions. Si elle cessait d'être indispensable, elle devrait trouver un autre sens à sa vie, d'autres critères pour s'évaluer, d'autres façons de se satisfaire.


    4. Un besoin mal identifié

    Micheline est très appréciée dans son milieu de travail. On reconnaît souvent son efficacité, sa générosité, la qualité de l'aide qu'elle apporte. Ses collègues, ses supérieurs et ses clients sont ouvertement reconnaissants, mais on dirait que ça ne l'atteint pas. Ces témoignages ne la touchent pas. Et à la maison, c'est la même chose: toute la famille l'apprécie au plus haut point, mais ça ne lui apporte rien.


    Sans le savoir clairement, Micheline se trompe sur ce qu'elle recherche vraiment. Elle croit avoir besoin d'être appréciée pour la qualité de sa performance mais, en fait, elle aurait besoin de se sentir aimée pour ce qu'elle est, tout simplement, sans avoir à faire des prouesses pour le mériter. C'est comme si elle était affamée et qu'on lui donnait de l'eau; ça dissimule la faim temporairement, mais elle continue de s'affaiblir parce que son besoin réel ne reçoit aucune réponse adéquate. Micheline obtient toute la reconnaissance au monde, mais pas d'amour. C'est ce qui explique son manque d'énergie psychique. 


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