• Témoignage de Valérie: Attentat dans le métro à Paris

    Valérie a été victime d'un attentat par une bombe posée dans le métro Parisien en 1996. Durant ces années 1995-1996 un vague d'attentat a sévi à Paris, le plus connu étant celui de saint-Michel. Valérie a vécu avec ce traumatisme durant toutes ces années... en conséquence, le réseau de mémoire traumatique s'est raccroché avec d'autres souvenirs difficiles de sa vie personnelle, amplifiant les symptômes post-traumatiques. 

    Merci à Valérie pour son précieux témoignage.

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    Le 3 décembre 1996, j’ai été victime de l’attentat qui a eu lieu à la station de RER Port-Royal à Paris. Ce jour-là, ma vie a basculé.

    Celui-ci n’a jamais été revendiqué, par conséquent, je ne connaîtrai jamais les motifs de cet acte. Pour cette raison, faire le deuil me semblait impossible.

    J’ai commencé une thérapie dans les trois jours qui ont suivi l’attentat, mais celle-ci n’a pas été suffisante. Les blessures psychologiques se sont superposées à d’autres existantes. J’ai eu des traumatismes par le passé, liés à des faits d’armes. Par exemple, mon père avait tiré sur ma mère avec un fusil sous mes yeux de jeune adolescente. Lorsque j’étais enceinte de ma deuxième fille, j’ai été menacée avec un couteau.

    Ces trois évènements ont développés en moi de l’angoisse, des peurs et l’impossibilité de faire confiance. Je sentais le danger partout (à l’intérieur comme à l’extérieur de mon domicile). Je vivais parasitée par les traumatismes du passé,  paralysée par la peur de l’avenir et immobilisée par des phobies et des angoisses.

    En 2000, j’ai quitté Paris pour m’établir à Toulouse. J’ai pensé que la vie en Province serait plus douce. Mais hélas, les informations sur l’attentat du 11 septembre 2001, aux Etats-Unis, ont rouvert mes plaies. Puis dix jours plus tard, c’est l’explosion de l’usine AZF qui réactive complètement mes blessures. Une réinscription dans ma chair s’effectue. Je suis marquée au « fer rouge ». Mon dossier médical a été rouvert mais je n’ai pas trouvé le bon traitement.

    De 1996 à 2010, j’ai vécu en étant dédoublée. J’étais deux personnes, une avec un corps qui vivait automatiquement et l’autre, à côté de moi, qui veillait.

    En 2009, j’ai entamé une nouvelle thérapie avec une neuropsychiatre remarquable. Des problèmes cognitifs m’empêchaient de travailler correctement, les informations dont j’avais besoin n’arrivaient pas à mon cerveau. Avec l’aide de ce médecin, aujourd’hui en retraite, je suis redevenue UNE. Mais une fois réunifiée, j’ai pris conscience de ma détresse psychologique. J’ai lu beaucoup de livres. Ceux de Boris Cyrulnik m’ont permis d’avancer. Intellectuellement, je comprenais mon histoire et ses blessures, les tenants et les aboutissants, mais je restais impuissante à guérir.

    D’une certaine façon, j’étais morte, il fallait que je revienne à la vie. Cela parait simple, mais pas du tout ! J’étais paralysée par des émotions et des sensations perturbantes. C’est à ce moment, que j’ai décidé de commencer ma thérapie EMDR  avec Nicolas Desbiendras. J’ai préparé soigneusement mon entretien car je ne voulais rien oublier de mes tristes expériences. Avec mon praticien, nous étions d’accord sur le fait qu’il y avait quatre chemins à explorer.

    Lors des séances, je travaille un évènement douloureux  du passé. Nous dialoguons. Lors d’exercices oculaires, je revis la situation. Revisiter l’évènement me permet de porter un autre regard, un regard neuf sur celui-ci. C’est ainsi que je prends conscience de mes erreurs de jugement de l’époque (trop jeune, pas assez de recul, de maturité…). Durant trois ou quatre jours, ma tête est fragile, lourde. J’ai des courbatures. Je ressens le besoin de repos. Les nuits qui suivent le rendez-vous, je fais des rêves qui me permettent d’éliminer mes refoulements. Je suis étonnée d’arriver à les décoder. J’y vois des messages bienveillants de moi-même à moi-même malgré la noirceur de certains. Ainsi, mon esprit se dépollue.  Au fonds de moi, je suis heureuse car je sais que je vais guérir. Cela ne fait aucun doute. Nous validons chaque chemin.

    Aujourd’hui, les peurs irrationnelles, les phobies, les angoisses qui m’empêchaient de vivre ont disparu. « Mes ailes de papillons sont encore un peu froissées ». J’ai beaucoup à réapprendre. Je suis intimidée face à la vie. Je regagne ma liberté. J’ai pris conscience de combien j’étais prisonnière de mon histoire et de moi-même. J’ai repris confiance car dans cette méthode de soin, j’ai refait connaissance avec la bienveillance.

    EMDR est une belle et grande porte vers la libération et la guérison. Merci.


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