• Thérapie EMDR et TDI

    Thérapie EDMR et TDI

     

     

            L'EMDR a été développée en 1987 par Francine Shapiro et a été rapidement reconnue comme facilitant la résolution rapide des souvenirs traumatiques dans les cas d’ESPT, entre autres (recommandations INSERM 2004, HAS 2007, OMS 2012). Cependant, l’utilisation de l’EMDR standard (protocole de base) pour des patients avec un TDI pose des problèmes cliniques sérieux jusqu’à la création de brèches involontaires dans les barrières dissociatives, l’immersion, l’émergence abrupte d’identités alternantes non diagnostiquées et une déstabilisation rapide (Lazrove & Fine, 1996 ; Paulsen, 1995 ; Shapiro, 1995 ; Young, 1994

    Il y a un consensus actuel des experts que le protocole EMDR standard (c'est-à-dire le protocole de base) doit être adapté pour son usage sûr et efficace avec le TDI (Beere, 2009 ; Fine, 2009 ; Forgash & Knipe, 2009 ; Gelinas, 2003 ; Paulsen, 2008 ; Twombly, 2005 ; Van der Hart et al., 2006). Il existe désormais de nombreux protocoles spécialisés pour les troubles structurels dissociatifs (Salle dîplomatique, Desbiendras 2013, etc.). 

    Au delà de ses précautions préliminaires, l’EMDR peut avoir de nombreux bénéfices dans le traitement du TDI. Ils comprennent un faisceau d’interventions pour modifier les distorsions inspirées par le trauma dans la représentation de soi, en favorisant des liens pour tout ce qui concerne l’adaptation et en facilitant l’intégration du matériel traumatique travaillé au sein des identités alternantes. L’EMDR augmente aussi le développement de nouveaux comportements en travaillant les expériences traumatiques du passé, leurs déclencheurs actuels et en faisant apparaître de nouvelles capacités et comportements désirés: l'obectif visé est une plus grande adaptabilité du patient au monde extérieur. 

    Les interventions EMDR sont centrés sur la réduction du symptôme, la contention, le renforcement du moi, le travail avec les identités alternantes et – quand c’est approprié – la négociation et la préparation des identités alternantes pour le travail d’EMDR modifié sur les souvenirs traumatiques. Le travail en co-conscience entre plusieurs identités alternantes comme une discution entre ces parties à propos de certains événements de vie sera une grande aide pour la réassociation de la personnalité.  Les patients souffrant de TDI ont une grande hypnotabilité et cela devra être pris en compte et utilisé pour le travail de co-conscience. Le travail aménera le patient à développer une meilleure tolérance aux affects et une coopération interne entre les identités alternantes (co-conscience).

     

    Les compétences d’adaptation acquises au cours de ces interventions sont au début utilisées pour aider à la stabilisation mais peuvent aussi aider à gérer le travail de souvenirs traumatiques particulièrement effrayants ((Fine & Berkowitz, 2001; Paulsen, 1995 ; Twombly, 2005).

    Il est essentiel de réduire les risques de brèche dans les barrières dissociatives et l’immersion lors de l’utilisation de l’EMDR avec les patients souffrant de TDI. Comme l’a noté van der Hart et al. (2006): «… le risque inhérent à l’usage de l’EMDR avec des individus traumatisés chroniquement est le fait que cela réactive trop de souvenirs traumatiques trop vite. » (p.327). A la différence de la procédure usuelle d’EMDR, le travail d’association (c’est-à-dire qui permet le travail d’association avec des souvenirs associés) est découragé chez les patients souffrant de TDI de manière à garder la quantité et l’intensité du matériel à un niveau gérable (c'est l'une de sparticularités du traitement télescopique). A l’inverse, le souvenir ciblé devrait être techniquement isolé autant qu’il est possible. Diverses techniques ont été développées pour moduler l’intensité du travail EMDR en incluant l’abréaction fractionnée et la désensibilisation en série qui comprend le travail sur différents éléments de la mémoire détenus par des états du moi séparés. D’autres modifications protectrices de l’EMDR pour le TDI comprennent le rythme et le type de stimulations bilatérales alternées avec des patients hautement dissociés. Beaucoup de cliniciens voient l’utilisation de séries de SBA plus courtes (Lazrove & Fine, 1996 ; Paulsen, 1995 ; Wesselman, 2000) et des SBA auditives ou tactiles comme étant mieux tolérées par les patients dissociatifs que les mouvements oculaires (Bergmann, 2008 ; Forgash & Knipe, 2008).

    Des séances plus longues peuvent être nécessaires non pour exposer les patients à un matériel plus traumatique mais plutôt pour leur permettre de travailler et d’intégrer le matériel à un rythme qu’ils peuvent tolérer et restabiliser le patient avant la conclusion de la séance (Van der Hart et al., 2006). Les cliniciens devraient être conscients que le travail d’un souvenir pour les patients souffrant de TDI à l’intérieur de la plupart des séances EMDR sera vraisemblablement incomplet. Le besoin de revisiter des souvenirs cibles et de les retravailler peut représenter soit l’étape suivante naturelle - à laquelle il faut se consacrer dans le fractionnement de la mémoire -soit la capacité nouvellement acquise de travailler et d’intégrer les souvenirs précédemment intolérables, une capacité atteinte à cause du travail fait en thérapie jusque-là.

     

     

    Bibliographie

    Ono Van Der Hart et al., Le soi hanté, 2006

     

    Lignes directrices pour le traitement du trouble dissociatif de l'identité chez les adultes (2011) - Société Internationale pour l'Etude du Trauma et de la Dissociation.

    http://www.isst-d.org/downloads/TraitementsAdultesEnFrancais.pdf

     

    Fine, C. & Berkowitz, A. (2001). The wreathing protocol: The imbrication of hypnosis and EMDR in the treatment of dissociative identity disorder and other dissociative responses. American Journal of Clinical Hypnosis, 43, 275-290.

     

    Lazrove, S. & Fine, C.G. (1996). The use of EMDR in patients with dissociative identity disorder. Dissociation, 9, 289-299.

     

    Marquis, J. N., and Puk, G. (1994, November). Dissociative identity disorder: A common sense and cognitive-behavioral view. Paper presented at the annual meeting of the Association for Advancement of Behavior Therapy, San Diego, CA.

     

    Paulsen, S. (1995). Eye movement desensitization and reprocessing: Its use in the dissociative disorders. Dissociation, 8, 32-44

     

    Shapiro, E. & Laub, B. (2008). Early EMDR intervention (EEI): A summary, a theoretical model, and the recent traumatic episode protocol (R-TEP). Journal of EMDR Practice & Research, 2, 79-96.

     

    Shapiro, F. (2007). EMDR, adaptive information processing, and case conceptualization. Journal of EMDR Practice and Research, 1, 68-87.

     

    Twombly, J. (2000). Incorporating EMDR and EMDR adaptations into the treatment of clients with dissociative identity disorder. Journal of Trauma and Dissociation, 1, 61-81.

     

    Twombly, J. H. (2005). EMDR for Clients with Dissociative Identity Disorder, DDNOS, and Ego States. In R. Shapiro (Ed.), EMDR solutions: pathways to healing (pp. 88-120). New York: W. W. Norton.

     

     

    Young, W. (1994). EMDR treatment of phobic symptoms in multiple personality. Dissociation, 7, 129-133.


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